POURQUOI CERTAINES FEMMES REFUSENT DE DEVENIR
MÈRES ?

Les raisons du non-désir d'enfant chez la femme

Selon un récent sondage de l’IFOP, 13% des Françaises âgées de 15 ans et plus expriment une préférence pour une vie sans enfant. Ce chiffre grimpe à 31% chez les femmes entre 18 et 49 ans sans enfant. Ce résultat illustre à quel point de nombreuses femmes ne font plus de la parentalité une priorité. Le non-désir de maternité est un des points que j’ai évoqués dans mon roman Au creux de nos bras, où j’aborde la maternité dans ses aspects tabous. C’est un sujet qui suscite souvent de fortes réactions émotionnelles et des jugements de la part de la société. Je te propose de tenter de comprendre les raisons qui peuvent motiver ce choix, de nous pencher sur les stéréotypes et les jugements courants liés à cette décision, ainsi que sur les difficultés que peuvent rencontrer les femmes qui ont décidé de ne pas avoir d’enfant. Dans un esprit de bienveillance et de respect des choix de vie de chacune, j’ai pris le parti de présenter une perspective positive sur le non-désir d’enfant chez la femme. Mon objectif est d’encourager la compréhension et l’acceptation de ce choix de vie qui me parait tout aussi honorable que n’importe quel autre, même si notre société patriarcale le rejette encore vivement.

1/ L'ORIGINE DE LA BLESSURE D'ABANDON

Le choix de ne pas avoir d’enfant est un sujet complexe et souvent mal compris. Pourtant, elles sont de plus en plus nombreuses à prendre la décision de ne pas avoir d’enfant pour diverses raisons, allant des considérations personnelles aux obstacles professionnels et financiers.

I- Le rêve de mener une vie professionnelle libre et épanouie

Tu rêves d’avoir une carrière professionnelle reluisante ? Tu souhaites gravir les échelons dans le monde professionnel ? Tu as pour ambition de te faire une place de choix dans ton secteur d’activité ? Bravo, tu as raison, l’ambition n’est pas une qualité réservée aux seuls hommes. Cependant, il faut admettre que ce rêve est souvent difficile à concilier avec :

  • les congés maternité,
  • les absences pour cause d’enfant malade,
  • les horaires des crèches et des écoles.

Pour y parvenir, certains sacrifices sont nécessaires. Une maternité n’est pas idéale pour les femmes ayant de grandes ambitions professionnelles qui peuvent impliquer de nombreux déplacements et des plannings chargés, des horaires de travail à rallonge ou décalés.

Certaines femmes prennent leur décision dès leur entrée dans l’âge adulte ou encore au début de leur carrière professionnelle. D’autres décident de ne pas enfanter que lorsqu’elles se rendent compte qu’une grossesse peut entraver leur ascension professionnelle.

En évitant les responsabilités parentales, elles peuvent travailler plus longtemps et avec plus d’engagement, ce qui peut se traduire par une augmentation de salaire, une promotion ou une carrière plus gratifiante. De plus, en ayant plus de temps et d’énergie pour se consacrer à leur travail, elles peuvent également être plus épanouies professionnellement.

II- La maternité, une entrave à la quête de liberté

Si tu es mère, tu as sûrement bien conscience du quotidien d’une maman ! Après la naissance d’un bébé:

  • les tâches se décuplent,
  • les responsabilités augmentent,
  • et la fatigue peut venir renforcer le tableau de surcharge.

À la journée habituelle doivent désormais s’ajouter les nombreuses tâches pour garantir l’évolution et l’épanouissement du bébé. Certaines femmes peuvent compter sur l’investissement et le soutien de leur partenaire, mais pas toutes ! La charge mentale reste encore prédominante chez les femmes.

Vouloir un enfant est une chose, le gérer au quotidien en est une autre. Il peut y avoir un pont entre ce que l’on avait imaginé de la maternité et ce qu’elle se révèle être. Les exigences liées aux soins d’un bébé et à l’éducation d’un enfant poussent certaines femmes, et certains couples, à ne pas vouloir concevoir un bébé. Ils préfèrent être libres pour voyager, conserver leurs hobbies, quitte à consacrer ponctuellement du temps aux neveux et nièces ou aux enfants des amis.

Célibataires ou en couple, ces femmes souhaitent profiter à fond de leur liberté. Une chance qu’elles n’auront pas si elles choisissent de faire des enfants. Et elles pourraient être en proie au regret maternel si d’aventure elles se lançaient dans la maternité.

III- Car la maternité n’emballe pas toutes les femmes !

La maternité ne fait pas rêver toutes les femmes. Tu as certainement déjà entendu dire qu’une femme, une vraie, doit forcément devenir mère. Pour notre société, la procréation n’est pas une option si tu nais dotée d’un utérus. Il doit servir à quelque chose crénom de nom !

Devenir mère est plutôt une évidence, voire une obligation sous peine d’être la cible de jugements et de critiques à n’en plus finir, aussi bien dans la sphère familiale qu’amicale et professionnelle. La gestion de notre féminité semble une affaire publique. Un mystère qui m’échappe…

Pourtant, le désir de grossesse ou de maternité est totalement absent chez certaines femmes :

  • tomber enceinte,
  • mener la grossesse à terme,
  • accoucher,
  • éduquer son enfant au quotidien pendant ses 15/20 premières années ,
  • le soutenir, l’encourager, être présente aux côtés de sa progéniture jusqu’à la fin de ses propres jours,

voilà un processus chronophage jalonné d’incertitudes, d’abnégation et parfois de souffrances dans lequel certaines ne souhaitent pas se lancer. Non, vouloir un enfant n’est pas inné quand tu es une femme.

D’autres peuvent ressentir des doutes ou des peurs quant à leur capacité à être une bonne mère, ou ne pas se sentir à l’aise avec l’idée de la maternité, souvent en raison de leur relation avec leur propre mère ou parce que leur couple n’est pas suffisamment serein. Elles veulent éviter de reproduire et/ou prolonger des schémas dysfonctionnels de leur environnement familial.

Pour d’autres encore, comme le témoigne Florence ci-dessous, la pression sociale est telle vis-à-vis des femmes qui doivent être accomplies sur tous les fronts et être des mères parfaites, qu’elles préfèrent renoncer.

IV - LE COUT FINANCIER DE LA PARENTALITÉ

Même si cet aspect implique le couple et pas seulement la femme, il est quand même à prendre en considération.

En France, en 2022, le ministère des Solidarités et de la Santé estime le coût annuel moyen d’un enfant à 9 000 €, soit un total de 180 000 € engagés par les familles jusqu’aux 20 ans de leur enfant. Si tu ajoutes à cela le finacement des études au-delà des 20 ans, élever un enfant coûte cher. De plus, il s’agit là d’une estimation moyenne. Selon ses loisirs, le cadre de scolarité, etc. le coût peut être plus important.

Par ailleurs, élever un enfant peut entraîner des sacrifices financiers, tels que la réduction du temps de travail ou des opportunités de carrière. Or, c’est souvent à la femme que revient cette mise entre parenthèses, ce sont donc ses revenus qui sont impactés. Et cela est d’autant plus vrai lorsque l’enfant présente un handicap.

V - le souci de préserver la planète

Le non-désir de maternité peut aussi se justifier par la ferme volonté de certaines femmes de préserver la planète. Pour elles, il n’est pas responsable de concevoir des enfants avec les nombreux problèmes contemporains. Il s’agit par exemple de la disparition des espèces, du réchauffement climatique ou encore des pandémies.

D’autres ne souhaitent pas participer à la surpopulation qui se profile qui génère conflits, problèmes de distribution des richesses ou de répartition de la nourriture. Elles considèrent qu’il faut impérativement réduire les naissances.

Ne pas enfanter découle d’une décision responsable, réfléchie et mûrie.

VI - les raisons liées à la santé

Le non-désir d’enfant peut être motivé par des raisons de santé, à la fois physiques et mentales. Certaines femmes peuvent souffrir de conditions médicales qui rendent la grossesse dangereuse ou difficile.

Ou bien, elles présentent des antécédents familiaux de maladies héréditaires comme Florence, 37 ans, qui voyait un avenir rempli d’enfants. Puis en grandissant, certaines réalités ont pris le pas sur son désir de maternité.

« J’ai toujours aimé passer du temps avec les enfants, jouer avec eux, m’en occuper. Quand j’étais gosse, puis ado, mes parents accueillaient tous les étés des enfants du Secours catholique, ce qui a renforcé mon intérêt pour le maternage. Pour moi, c’était une évidence : adulte, je fonderais une grande famille.

Et puis j’ai grandi, et j’ai réalisé que la maternité n’était pas aussi idyllique que ce que je l’avais imaginé. Mes résolutions ont changé. J’ai rencontré Marc il y a 16 ans de ça. Il a 13 ans de plus que moi, il a déjà une fille issue d’une première union. On a parlé de mon non-désir d’enfant et il a adhéré à ma décision. Mon premier frein est génétique. Que ce soit de son côté ou du mien, il y a de nombreuses maladies et on trouve ça cruel de transmettre ces risques de pathologies en connaissance de cause.

Le deuxième frein, c’est la pression de la mère parfaite qui est trop grande. Je sais que j’aurais croulé sous cette pression. Pour ces raisons, je me suis reconnue dans les vécus d’Olga et de Fanny*.

Après avoir été assistante maternelle pendant des années, je suis devenue assistante familiale il y a 4 ans. J’accueille des enfants à temps plein pour des durées indéterminées. Ce métier me permet de materner sans être dans la maternité. Je ne suis pas seule pour assurer l’éducation et prendre les décisions, la lourde charge éducative est partagée entre plusieurs professionnels. Et c’est sécurisant pour moi.

Pour accéder à cette profession, j’ai dû passer des tests psychologiques et la conclusion était limpide : la maternité n’est pas faite pour moi et je ne fais aucun transfert sur ces enfants que la protection sociale me confie. Je m’y attache, je les aime, j’aime passer du temps avec eux, mais je ne suis pas leur mère. Je me sens à ma place, même si je subis les propos médisants de collègues qui m’imaginent incompétente pour ce travail, puisque je ne suis pas mère… »

*Héroïnes du roman Au creux de nos bras

➡️ Découvre notre article sur le bonheur : comment le définir, le trouver, l’entretenir.

2/ Non-désir d’enfant chez la femme : le poids des jugements de la société

Les femmes qui choisissent de ne pas enfanter subissent de toutes parts critiques et jugements. Dans la société, elles sont vues d’un mauvais œil. En famille, avec les leurs, leur décision est aussi commentée et elles doivent s’expliquer de façon récurrente. Les repas et cérémonies deviennent alors un moment désagréable à passer, surtout lorsque belle-soeurs et cousines arborent fièrement leurs ventres ronds.

I - Mythes et pression sociale : les stéréotypes liés au non-désir d'enfant chez la femme

Les femmes qui ne souhaitent pas avoir d’enfants sont habituées à entendre de nombreux commentaires remplis de mythes et de préjugés. Une femme qui ne désire pas d’enfant est une femme :

  • qui est égoïste,
  • qui sera forcément malheureuse,
  • qui ne contribue pas à la société,
  • qui ne connaît pas le véritable amour,
  • qui regrettera son choix tôt ou tard
  • qui est contre-nature,
  • qui n’est pas une vraie femme.

Si tu es en âge de procréer et que tu n’as pas d’enfant, tu peux sans doute allonger la liste avec tes propres exemples !

Stéphanie, 58 ans, est mariée depuis 30 ans à Fred, 59 ans. Ils n’ont jamais eu d’enfants, une décision de couple qu’ils assument. Enseignants tous les deux, ils ont fait ce choix rapidement après leur rencontre. Se marier faisait partir de l’évolution de leur relation, mais pas devenir parents.

Stéphanie rapporte son expérience : « Étrangement, ces reproches n’ont été faits que très rarement à Fred, alors que je les ai entendus des centaines de fois. Avec le temps j’ai appris à en faire abstraction, mais c’est douloureux d’être ainsi jugée en permanence sur des décisions qui nous sont propres et n’engagent que nous. Les gens pensaient que si nous n’avions pas d’enfants, c’est que nous ne pouvions pas en avoir. Lorsqu’on expliquait que c’était un choix délibéré, les critiques, jugements, remarques fusaient. À mon âge, on ne m’embête plus avec ça (pour parler poliment, mais crois bien que ma pensée est bien plus vulgaire que ça !). Je peux garantir qu’à aucun moment ni Fred ni moi n’avons regretté de ne pas être parents.»

Tu ne ressens aucun désir de maternité ? Tu as fait le choix de vivre ta vie de femme épanouie sans enfanter ? En cas de critiques, de jugements, de pression sociale, ne flanche pas. Il s’agit de ta décision et tu dois assumer tes choix. Tu pourras être tout aussi heureuse que Florence ou Stéphanie 🙂

II - Quid des jugements des proches et de la famille ?

Même dans son entourage immédiat, une femme qui ne rêve pas de maternité passe pour incomprise. Elle doit savoir répondre aux « Je veux un bébé », « Je désire avoir un petit-fils » que lui lancent ses parents. Cela devient pire lorsque l’âge de la femme avance et avec la pression de l’horloge biologique.

Elle est critiquée, obligée de se justifier, de fournir des explications. Des questions gênantes lui sont posées de la part de ses amis ou de ses parents. Si toi aussi tu décides de ne pas faire d’enfant, tu dois donc t’attendre à être incomprise.

Tu n’es pas obligée de te justifier, cette décision appartient à ton couple uniquement, ou à toi seule si tu n’es pas en couple. Cela ne doit pas t’ébranler puisqu’il s’agit de ton choix. Et tu es mieux placée que quiconque pour savoir ce qui te convient le mieux. Résiste aux poids des jugements de la société, même si ce n’est pas toujours simple dans la sphère familiale !

3/ Une différence de jugement avec les hommes

Si les femmes doivent en permanence justifier leur choix de ne pas procréer, le non-désir de paternité est, lui, bien plus facilement toléré par la société. Il est plus facile de clamer son envie de ne pas avoir d’enfant quand on est homme que d’affirmer que l’on ne souhaite pas faire l’expérience de la maternité. Un homme a le droit de vouloir privilégier sa carrière, de vouloir profiter, voyager, sortir jusqu’à pas d’âge, de vouloir mener une vie de célibataire sans enfant joyeux et épanoui. Personne ne l’interroge sur son choix ni ne le remet en question.

Une différence de jugement incompréhensible, une position inexpliquée, mais qui révèle une réalité sur notre société : le poids du patriarcat, les stéréotypes sont toujours en place.

De la même façon qu’en cas de séparation des parents, une mère qui ne se sentira pas en mesure d’assumer seule ses enfants sera montrée du doigt, tandis qu’un père qui plaque tout pour reconstruire sa vie et « oublie » de prendre ses enfants en week-end, en vacances, ne choque pas…

Non-désir maternel : un sujet encore tabou

Pouvoir affirmer ouvertement son non-désir d’enfant dans la société actuelle demande un minimum de courage et de confiance en soi. Le sujet est longtemps resté tabou et l’est encore. Les femmes qui décident de ne pas faire d’enfant ne sont pas suffisamment écoutées et respectées dans leur choix.

À leurs explications, la société répond par des jugements ou des critiques. Les amis et les parents ne prennent pas la peine de comprendre véritablement les raisons de ce non-désir d’avoir un enfant. Toutefois, les femmes montent de plus en plus au créneau et osent affirmer leur choix de ne pas vouloir concevoir. Cela n’est aucunement une entrave à leur épanouissement personnel. Le sondage de l’IFOP prouve bien cela.

Ce non-désir est un des aspects de la maternité que j’aborde dans mon roman Au creux de nos bras.

Crédit photo : Anna Shvets, Vanessa Garcia, Jure Aiiria – Pexels

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