LA BLESSURE D'ABANDON, COMMENT S'EN LIBÉRER ?

Comprendre la blessure d’abandon pour mieux s’en débarrasser

La blessure d’abandon est une blessure émotionnelle qui génère des angoisses, de la peur, de la jalousie, de la colère. Il s’agit d’un sentiment de délaissement qui résulte de carences affectivessurvenues au cours de l’enfance. Ce traumatisme va influencer le comportement de la personne concernée tout au long de sa vie dans ses relations aux autres, notamment ses relations amoureuses. Dans mon roman Pas sans lui, Marie est devenue dépendante affective, car elle souffre d’un syndrome d’abandon. Par crainte d’êtr erejetée, elle s’enlise dans des situations qui pourraient paraître inadmissibles à d’autres épouses.
Je te propose d’explorer ensemble ce qu’il y a à savoir sur cette peur d’être abandonné(e), puis d’explorer 5 pistes pour s’en libérer.

1/ L'ORIGINE DE LA BLESSURE D'ABANDON

En général, la blessure d’abandon prend naissance à partir d’un traumatisme ou d’un ressenti vécu au cours de l’enfance. Tu souffres peut-être de cette blessure émotionnelle parce que :

  • tu as effectivement vécu un abandon (naissance sous X, parent qui quitte le foyer et ne revient plus, décès d’un parent),
  • tu as perçu des carences affectives (tes parents étaient peu présents ou peu disponibles, naissance d’un petit frère ou petite sœur qui t’a donné la sensation d’être délaissé(e), etc.),
  • tu n’as pas eu un proche qui aurait permis de développer un sentiment de sécurité (un de tes parents, mais aussi un grand-parent, une parrain, une nounou),
  • l’attachement ne s’est pas fait de manière convenable avec ta figure nourricière,
  • tu as développé la croyance que tu ne méritais pas d’être aimé(e).

Certaines personnes ne ressentiront pas d’abandon là où d’autres seront blessées. Tout est question de perception, en fonction de la personnalité de chacun.

2/ Que pensent les psychiatres et psychanalystes de cette peur d’être abandonné ?

Pour mieux comprendre le fonctionnement de cette blessure, je te propose de te pencher sur les observations qui ont été faites à ce sujet.

LES RECHERCHES DE FREUD

Au cours de ses recherches, Freud emploie le terme d’angoisse d’abandon pour faire allusion au vécu d’un nouveau-né lorsqu’il est privé de contact avec ses parents. Lorsqu’il se retrouve seul, la peur de l’abandon s’installe chez lui puisqu’il est totalement impuissant et ne pourra pas survivre par ses propres moyens. Freud disait que le nouveau-né a peur de se sentir abandonné par ses proches et de ne pas pouvoir réussir à s’en sortir lui-même.

Dans le cas où la blessure d’abandon est minime et que l’absence des parents n’est pas trop longue, cette angoisse disparaît dès leur retour. Au fur et à mesure que ce schéma se répète, l’enfant apprend le concept de présence-absence afin de se construire petit à petit pour devenir un être psychiquement distinct. Si l’absence des parents excède ses capacités d’intégration, l’angoisse de l’abandon peut mener à une blessure psychique et émotionnelle. Ce type d’atteinte est durable et se réactivera tout au long de la vie de la personne blessée.

LES TRAVAUX DE SPITZ

Le psychiatre et psychanalyste américain René Spitz a déjà étudié un tel traumatisme en bas âge chez les enfants ayant été séparés de leur mère. Grâce à son expérience, il prouve que l’enfant a un besoin crucial et régulier en termes de contacts humains. Hormis la satisfaction de ses besoins primaires, cela le nourrit psychiquement et lui permet de se développer.

Par manque de contact avec ses géniteurs, l’enfant souffre d’une forme de dépression. Cela provoque de lourdes répercussions sur sa croissance psychique. Plus tard, il nait une peur de l’abandon qui va survenir au cours de certains événements spécifiques tels que le deuil, un déménagement, une rupture etc. C’est le cas de Marie, l’héroïne de mon roman Pas sans lui, inspiré d’une histoire vraie. Née de père inconnue et abandonnée par sa mère, sa blessure d’abandon guidera sa vie affective avec son époux et son entourage en général.

La survenue de la peur de l’abandon pourrait également être causée par une relation altérée avec les parents. Cette angoisse pourrait également provenir de violence, de négligence ou de maltraitance pendant l’enfance.

blessures

3/ La blessure émotionnelle et ses rapports avec ses éléments déclencheurs

Dans certains cas, la profondeur de la blessure émotionnelle vécue par l’enfant n’entretient aucun rapport avec la gravité de l’événement réel. C’est d’ailleurs cela qui explique pourquoi certains adultes souffrent d’un sentiment d’abandon sans pour autant être capables d’identifier les causes réelles. Cela est tout à fait normal, car la sensibilité est une capacité d’intégration psychique qui varie d’un individu à l’autre. Même si les manques affectifs n’ont pas été très importants, les souffrances sont, quant à elles, bien réelles

Il convient donc d’affirmer que même les microtraumatismes difficiles à identifier suffisent pour faire naître la peur de l’abandon. Une telle angoisse se traduit donc par un syndrome d’abandon qui plonge celui qui en souffre dans un état psychologique et émotionnel d’insécurité. Ce qui n’est pas sans effet négatif sur les relations ainsi que sur le rapport à soi-même. Généralement, les personnes qui présentent cette blessure émotionnelle développent un comportement de dépendance affective.

La peur de l’abandon partage des liens avec la sensibilité marquée au rejet. Elle est également en rapport avec une grande réactivité. En effet, les actions et habitudes d’autrui, qui ne permettent pas de colmater la faille affective, déclenchent de la colère, de l’agressivité qui paraissent démesurées avec l’élément déclencheur, de la jalousie.

Chez l’individu, cela se traduit par une confrontation permanente à la même douleur qui revient à nouveau à cause des situations qui ne lui procurent aucune assurance en matière d’amour inconditionnel et absolu de ses proches. La peur de l’abandon entretient des liens étroits avec la faible estime de soi puisque l’abandon est également relatif avec le sentiment de valeur propre.

4/ 5 remèdes pour venir à bout de la peur de l’abandon

Si tu es concerné(e), pour venir à bout du syndrome abandonnique, favorise tout exercice, activité qui te permet :

  • d’améliorer ta confiance et ton estime de soi,
  • d’apprendre à aimer la solitude,
  • de gérer convenablement tes sentiments et émotions,
  • de faire connaissance avec toi-même,
  • de te libérer de tout sentiment colérique,
  • de développer ton sens de la responsabilité émotionnelle,
  • de te reconnecter à ton enfant intérieur.

Je te propose de voir plus en détail certaines de ces notions.

➡️  Lis notre article pour approfondir la notion d’estime de soi et apprendre à s’aimer soi-même.

I- FAIS CONNAISSANCE AVEC TOI-MÊME

Libère-toi des croyances limitantes

Avant toute chose, retiens que la dépendance affective liée à une peur de l’abandon peut se traiter lorsque tu bénéficies d’un accompagnement thérapeutique régulier. Pour débuter :

  • identifie toutes les croyances qui impactent négativement ton estime de soi ; celles-ci nourrissent ta peur de l’abandon si rien n’est fait,
  • relève tes habitudes comportementales : elles déterminent fortement tes croyances,
  • prends le temps de te demander comment tu te perçois réellement. Si par exemple tu es convaincu(e) d’être une personne faible et dépendante, il va de soi que tu ne peux pas vivre sans compter sur l’appréciation et l’approbation des autres. Cela explique alors que tu sois conditionné(e) par la logique du besoin de l’autre.

Il te revient donc de mettre en œuvre différentes solutions te permettant de te libérer des croyances qui t’enchainent à une vision réductrice et dévalorisante de ta personnalité. En identifiant les valeurs personnelles qui te sont propres, tu parviens à te définir en fonction de tes attributs objectifs. Crois en toi, tu es une belle personne !

 

Reviens sur ton parcours de vie

Lorsque tu reviens sur ton parcours de vie, tes succès et échecs, tu parviens à identifier les qualités et les insuffisances qui te caractérisent en tant que personne. Grâce à l’auto-observation objective et à une attention dirigée vers ton propre cheminement, tu t’exerces à te discerner avec beaucoup plus de nuances et de façon plus riche.

En te reconnaissant telle une personne ayant des qualités qui te sont propres et qui ne sont pas basées sur le regard d’autrui, tu arrives à t’éloigner des croyances limitantes. Grâce à cela, tu as la facilité de former de nouvelles croyances et comportements capables d’améliorer et de soutenir ton estime de soi. Aujourd’hui, le marché propose une multitude de thérapies te permettant de vaincre la dépendance affective afin de vivre de la sérénité dans tes relations amoureuses et collectives.

II - Développe ta responsabilité émotionnelle

Te réapproprier ton mal-être

Si tu souffres du syndrome d’abandon, tu es certainement attentif au retour des autres. Pour faire simple, tu attends leur validation. Cela te rassure sur les sentiments d’affection qu’ils te portent. De plus, cela te permet d’avoir une certaine assurance concernant la reconnaissance de ton entourage plus large.

Et dans cet ordre d’idée basée sur de tels besoins, tu oublies complètement que ton existence n’est pas déterminée par l’approbation d’autrui. Cela te fait également oublier que tu possèdes en toi les ressources pour te construire une autonomie affective.

En effet, tu dois pouvoir élargir la vision que tu as de toi-même en effectuant un constat des répercussions de tes actes : ton objectif est de réaliser que tu es le seul et unique acteur de ton parcours de vie. Prends la pleine responsabilité de tes ressentis, de tes émotions, de tes actions, de tes choix.

En outre, il te faut comprendre que le syndrome d’abandon se manifeste chez toi par un trouble de la personnalité qui est en lien avec un attachement déficient pendant tes premières années de vie. Puisque rien n’est figé dans le temps, tu peux toujours corriger cette défaillance en te réappropriant les données qui causent ton mal-être. Y parvenir nécessite de la résilience ainsi que du travail sur soi. Il s’agit là de 2 qualités à cultiver pour te libérer progressivement de la dépendance émotionnelle qui t’habite.

 

Pratique l’auto-observation objective

En vue d’évoluer sur le chemin de l’autonomie affective en enclenchant ton sens de la responsabilité émotionnelle, il est important de prendre du recul sur toi-même et ton expérience de vie en toute objectivité. Attention, il n’est en aucun cas question de te responsabiliser de tout !

À ce niveau, l’objectif est :

  • de te rendre compte de ce qui dépend de toi,
  • d’identifier ce sur quoi tu peux exercer ton pouvoir d’action,
  • de comprendre que certains événements de vie ne te définissent pas. Tu n’es pas responsable de tes fragilités au cours des moments difficiles, car la lutte s’était menée avec les moyens psychiques dont tu disposais.

Même si ça te paraît paradoxal, c’est en acceptant avoir été impuissant(e) face à certaines situations que tu peux entamer ta transformation. En procédant de la sorte, ton sentiment de culpabilité profond disparaît progressivement. Les situations difficiles que tu as vécues jusqu’alors deviennent des opportunités de changement que tu peux utiliser pour évoluer. Ne crains jamais l’abandon.

En pratiquant l’auto-observation, tu parviendras à prendre conscience :

  • de tes choix délibérés,
  • des détours que tu as pris malgré toi.
guérir

III - Libère-toi de tout sentiment colérique

Le sentiment caractéristique du syndrome d’abandon est la colère. C’est ce que tu ressens à l’égard des personnes qui ne peuvent pas répondre à tes attentes affectives massives. Dans la logique d’une guérison complète, il t’est recommandé de te libérer de cette colère.

C’est une astuce pratique qui t’évitera de la retourner contre les personnes qui te sont très proches. Si tu as des choses à extérioriser ou à exprimer, il te revient de t’en saisir. Défais-toi de cette charge émotionnelle qui te hante depuis beaucoup trop longtemps.

Une solution efficace pour y parvenir consiste à effectuer un travail d’écriture à travers lequel tu t’adresseras directement aux individus concernés. Dans tes écrits, il te revient :

  • d’exprimer et d’extérioriser tout ce que tu aurais pu dire à une certaine époque,
  • d’inclure les choses les plus importantes à leur dire présentement.

Ce travail peut s’avérer plus complexe qu’il n’y paraît. Si tu ne te sens pas capable de traverser cette expérience seul, il faut alors te tourner vers un accompagnateur thérapeutique. Celui-ci n’hésitera pas à jouer avec toi le jeu des rôles pour t’offrir un excellent support. L’accompagnateur thérapeutique te soutiendra et t’aidera à traverser sans douleur les émotions qui peuvent resurgir.

IV - Reconnecte-toi à ton enfant intérieur

Le concept d’enfant intérieur est créé dans les années 1940 par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung. Te reconnecter avec ton enfant intérieur est une technique thérapeutique qui permettra de te libérer des blessures du passé. Si tu apprends à écouter l’enfant en toi, tu réhabilites ce que tu as vécu, ressenti et été.
Même si tu n’en as pas conscience, très souvent, tu laisses ton enfant intérieur guider tes réactions émotionnelles (colère, tristesse). Si ta partie adulte fait appel à la raison, ta partie enfant, elle, se laisse submerger par les tempêtes émotionnelles de ton enfant intérieur, trop immature pour les affronter avec plus de justesse. 

Dans le cadre d’une telle thérapie, de nombreuses techniques s’avèrent pratiques. Te faire accompagner pour accéder à ces techniques est le meilleur moyen pour travailler sur ces parties de toi qui souffrent en silence et qui sont difficiles d’accès le plus souvent.

Compte tenu de ton histoire et de la profondeur de ta connexion à ces fragments en souffrance, l’accompagnateur thérapeutique peut te proposer :

  • l’hypnose : c’est une méthode qui a fait ses preuves et qui peut t’aider à te remémorer les événements douloureux. Il s’agit de traumatismes que tu es prêt à intégrer psychiquement,
  • le reparentage: c’est un outil qui permet de guérir les blessures émotionnelles de l’enfance. C’est le thérapeute ou toi-même qui joue le rôle du parent, soit par imagerie, soit à l’aide d’une autre technique : les chaises vides. Toi ou le thérapeute vous adresserez à l’enfant, pour :
    • lui demander de quoi il a besoin dans cette situation,
    • l’autoriser à exprimer ses émotions,
    • lui permettre d’exprimer sa colère contre le parent,
    • lui dire tout ce que tu souhaites, sans censure.

V - DES OUVRAGES POUR TE SOUTENIR

Tu peux aussi avancer dans ta libération à l’aide d’ouvrages, mais cela peut s’avérer plus compliqué. Toutefois, si tu n’oses pas encore sauter le pas de la thérapie,
je peux te conseiller :

➡️ Découvre notre article sur le bonheur : comment le définir, le trouver, l’entretenir.

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5/ Quelles peuvent être les conséquences d’une blessure d’abandon non traitée ?

Lorsque la peur de l’abandon n’est pas traitée, il persiste chez l’individu concerné de mauvais comportements ainsi que des habitudes toxiques pour son entourage. La personne en souffrance est perpétuellement en quête de validation affective, de reconnaissance et de disponibilité inconditionnelle de la part des personnes qui lui sont très proches.

Si c’est ton cas, tu pourrais même t’enfoncer dans la séduction à outrance en vue de pallier ta difficulté à te retrouver livré(e) à toi-même ou pour combler un vide affectif.

La conséquence inverse est également possible dans le cas où la personne sujette à la blessure d’abandon se réfugie dans l’isolement, par crainte d’être rejetée. Les blessures affectives qu’ont vécues des dépendants affectifs peuvent les transformer en manipulateurs. Dans certains cas, tu peux même avoir du mal à faire confiance, présenter une jalousie excessive.

➡️  Pour tout savoir sur la dépendance affective, lis notre article dédié.

En conclusion, la blessure d’abandon est une blessure qui prend naissance dans l’enfance et qui perdure jusqu’à l’âge adulte si rien n’est fait pour la traiter. Elle se réactivera au cours de diverses occasions, engendrera de la dépendance affective, des comportements colériques, et influera négativement sur les relations avec autrui, en amour bien sûr, et aussi en amitié, dans les rapports aux autres membres de la famille, voire jusque dans la sphère professionnelle.

Des solutions existent pour s’en libérer et vivre avec plus de sérénité. L’accompagnement thérapeutique est le plus indiqué, toutefois, il est possible d’entreprendre certaines démarches tout seul si la blessure n’est pas trop profonde.

Si tu es concerné(e) par ce syndrome abandonnique, j’espère t’avoir convaincu(e) qu’il est possible de s’en débarasser pour retrouver un équilibre affectif, entretenir des relations épanouies, être davantage heureux. 

Crédit photo : Patrick Porto, Josh Willink de Pexels – Pixabay

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