Regret maternel, dépression du post-partum :
témoignage d'une maman

Quand la dépression du post-partum et le regret maternel s'invitent

Pour écrire mon roman Au creux de nos bras, j’ai recueilli des témoignages de mères concernées par diverses difficultés maternelles : le regret maternel, le handicap de l’enfant, le deuil périnatal. J’ai demandé à certaines d’entre elles la permission de publier leur témoignage tel qu’elles me l’ont livré. 

Aujourd’hui c’est Marina*, 31 ans, qui rapporte sans tabou son vécu entre dépression du post-partum et regret maternel. Un parcours maternel émouvant, semé d’embûches, entre souffrance, honte, cupabilité et espoirs. 

J’ai toujours été qualifiée de femme forte et j’aime à penser qu’à cause, ou grâce, à mon passé, je suis capable de me sortir de n’importe quelle situation. Pourtant, je dois avouer que j’ai énormément douté sur le fait que je me sortirais un jour de mes difficultés maternelles : dépression du post-partum et regret maternel ont accompagné ma première et unique expérience de la maternité. Ma fille, Ninon*, va bientôt fêter ses 6 ans et je commence tout juste à voir le bout du tunnel, tunnel que j’ai emprunté à l’aube de mes 25 ans. 

J’ai choisi de témoigner pour l’écriture du roman Au creux de nos bras, car je souhaite que ce tabou ultime soit levé.

« N’étais-je pas censée ressentir plus de choses envers cet être qui bouge dans mon ventre ? »

A l’époque, j’étais en couple depuis bientôt 4 ans et l’envie d’avoir un enfant commençait à se faire sentir, pour moi en tout cas. Après discussion, monsieur n’était pas prêt. Cependant, après moultes argumentations, étude de notre situation et paroles rassurantes, quelques mois plus tard il m’a annoncé qu’il se sentait prêt. Nous pensions que cela mettrait du temps, mais surprise, 2 mois après, j’étais enceinte ! Sur le moment, comme tout le monde je pense, j’ai ressenti un mélange de joie et de peur à l’idée de cette nouvelle aventure.

Le premier évènement qui m’a chagrinée s’est produit lors d’une séance de yoga prénatal. Cette activité était incluse dans ma préparation à l’accouchement. Je m’en souviens parfaitement. En plein exercice de détente, la sage-femme qui menait la séance nous a demandé de fermer les yeux et d’imaginer notre bébé dans notre ventre, puis de l’imaginer sur notre ventre. Rien. Je n’ai rien vu. Juste un immense vide noir. À la fin de la séance, j’en ai juste conclu que le yoga ne marchait pas sur moi, mais je gardais un sentiment de peine et d’échec au fond de moi. 

La fin de la grossesse s’est déroulée sans autre encombre, à part une question qui me restait en tête : n’étais-je pas censée ressentir plus de choses envers cet être qui bouge dans mon ventre ? Puisque c’est un ressenti personnel, difficile de trouver une réponse. J’ai donc rangé ça dans un coin et je n’y ai plus repensé. 

« Pas d’explosion de joie ou autre. Je me suis dit que ça arriverait après, que j’étais fatiguée et que ça viendrait naturellement. Mais ça n’est pas venu. »

Le jour J. est arrivé. Le dimanche 15 janvier 2017 vers 3h du matin, minimoy m’a réveillée en manifestant une légère envie de sortir. Mais elle n’était pas très pressée vu qu’elle a pointé le bout de son nez dans la soirée.

J’aimerais dire que le travail et l’accouchement se sont très bien passés, et ce fut le cas, mis à part un petit couac, tout était parfait. Le couac en question le voici : j’ai un souci nerveux qui fait que je ne ressens pas toutes les douleurs (1/10 environ), aussi avais-je choisi de ne pas opter pour la péridurale. 

Mais, autre souci, j’ai une tension basse (9.5 en moyenne) et au moment où la poche des eaux s’est rompue, j’ai fait une baisse de tension. Je n’ai pas su/pu gérer la douleur ressentie sur le moment et j’ai fait un malaise. En raison de mon déficit de perception de la douleur, soit je ne la perçois pas, soit je la perçois amoindrie. Par conséquent, j’avais parfaitement géré la douleur liée aux contractions. 

Cependant, en raison de mon malaise, je me suis retrouvée sous péridurale. Alors certes, avec le recul, je sais que c’était nécessaire et que cela m’a permis de retrouver des forces avant l’étape finale, mais sur le moment, je l’ai vécu comme un gros échec. Quelques heures après, mademoiselle était sur mon ventre en bonne santé. Là, je me souviens juste qu’elle était belle mais pas d’une explosion de joie ou autre. Je me suis dit que ça arriverait après, que j’étais fatiguée et que ça viendrait naturellement. Mais ça n’est pas venu. 

« Je n’en veux pas, je veux qu’elle disparaisse, je veux retrouver ma vie d’avant, je ne l’aime pas, je ne veux pas m’en occuper et je veux qu’elle ou moi meure. »

Faute de réservation, le papa n’a pu dormir à la maternité la première nuit. Une fois seule dans ma chambre avec Ninon, tout ce que je voulais c’était dormir. Niveau ressenti, rien, le néant. Je ne ressentais rien pour la chair de ma chair et je me suis mise en mode robot pendant trois jours, dès que je finissais soins, tétées, visites et compagnie, je m’endormais. 

A la fin du troisième jour, après le départ du papa, j’ai été assaillie par des pensées noires et morbides : je n’en veux pas, je veux qu’elle disparaisse, je veux retrouver ma vie d’avant, je ne l’aime pas, je ne veux pas m’en occuper et je veux qu’elle ou moi meure. J’ai alors éclaté en pleurs et appelé en urgence une sage-femme qui m’a dit que c’était normal, que c’était le baby-blues, la fatigue, que je devais dormir et que ça allait passer. 

Malgré ses paroles rassurantes, je sentais que quelque chose n’allait pas, que ce n’était pas un simple baby blues comme on me l’avait décrit lors des préparations au cours de ma grossesse. Cependant, voulant faire confiance aux professionnelles, j’ai attendu que ça passe.

Ça n’est pas passé. Jusqu’à ma sortie de la maternité, au sixième jour, ces pensées noires n’ont jamais cessé. À elles, se sont ajoutées la haine, la tristesse et la culpabilité de ne pas ressentir ce que toute mère doit ressentir pour son enfant. Je n’étais qu’un monstre incapable d’aimer son enfant. 

Mais Ninon n’avait pas demandé à venir au monde, il était hors de question qu’elle subisse mes états d’âmes et je m’en suis toujours occupée comme il fallait, peu importe ce que cela me coûtait moralement et physiquement. Juste avant de partir, la sage-femme qui m’avait accouchée et que je n’avais pas revue depuis est venue me voir et me parler. Après lui avoir confié ce qui me hantait, elle m’a parlé de la dépression du post-partum et m’a conseillé de ne pas hésiter à extérioriser mes pensées si elles continuaient. 

« Tout ce que je voyais était un tube qui mangeait et chiait et qui m’empêchait de faire tout ce dont j’avais envie, quand j’en avais envie. Et je m’en voulais. Pour tout ça, pour tout ce que je pensais, je m’en voulais terriblement. »

De retour à la maison, j’ai essayé de trouver mes marques, ce qui n’a pas été très fructueux. Le premier mois, j’ai alterné crises de panique et crises de pleurs. Je me dénigrais parce que je ne ressentais toujours rien et activais le mode robot quand je m’occupais de Ninon.

Je détestais lorsqu’elle se réveillait. Et lorsqu’elle dormait, je guettais non-stop l’heure pour savoir combien de temps il me restait avant la prochaine tétée. Finalement, je ne me reposais quasiment jamais, puisque même les temps de repos de ma puce, je les passais à stresser du prochain réveil. 

Je n’arrivais pas à trouver le bonheur qu’était censé amener la maternité, tout ce que je voyais était un tube qui mangeait et chiait et qui m’empêchait de faire tout ce dont j’avais envie, quand j’en avais envie. Et je m’en voulais. Pour tout ça, pour tout ce que je pensais, je m’en voulais terriblement. Je m’en voulais de ne pas réussir à l’aimer, je m’en voulais de ne pas réussir à lui parler sans devoir me forcer, je m’en voulais de m’en occuper sans aucun plaisir alors qu’elle était un bébé parfait (elle a fait ses nuits à deux mois, elle était très éveillée)

Parce que cela ne pouvait pas durer, pour le bien de Ninon, le mien, et celui du père qui en souffrait aussi, je me suis confié à ma sage-femme, lors de sa première visite à mon domicile dans la cadre du suivi PMI. Le verdict est tombé : dépression post partum aggravée avec idées morbides.

Verdict qui fut confirmé par la psychiatre qui m’a ensuite suivie pendant 6 mois. Puisque j’avais conscience que quelque chose n’allait pas, que j’en parlais et que je continuais à m’occuper de Ninon comme il fallait, j’ai échappé à l’hospitalisation et aux anti-dépresseurs. À la place, j’ai bénéficié d’un accompagnement psychologique et de séances d’acupuncture. J’ai également suivi des séances pour essayer de créer le lien entre ma fille et moi : massage bébé, groupe de discussion entre maman et quelques autres dont je ne me souviens plus (ça n’a pas dû être efficace). Savoir qu’il y avait des solutions m’a un peu rassurée. 

« Personne ne comprenait ce que je vivais et/ou ne voulait comprendre. Pour eux c'était tout simplement inadmissible qu'on ne ressente rien pour son enfant. »

Je me raccrochais aux paroles de ma psy et de ma sage-femme qui m’expliquaient que le lien maternel n’est pas inné chez toutes les femmes. En ce cas, il doit se construire et pour ça, il est important de parler, d’extérioriser le plus possible. Alors c’est ce que j’ai fait et je me suis ouverte à ma famille, à ma belle-famille. Je crois que, moi qui n’en ai jamais rien eu à faire du regard des autres depuis le lycée, là, j’ai mangé en pleine tronche tous les propos négatifs qui étaient tenus contre moi.

Personne ne comprenait ce que je vivais et/ou ne voulait comprendre. Pour eux c’était tout simplement inadmissible qu’on ne ressente rien pour son enfant. 

Ma belle-mère m’a traitée de folle, m’a dit que je ne devais plus refaire d’enfant. Ses trois grossesses ont été salvatrices puisque, sans elles, son mariage aurait coulé. Ma mère, avec qui j’ai des relations très conflictuelles, a essayé de me comprendre, était désolée pour moi. Elle a essayé de me soulager le plus possible lorsqu’elle était là. Cependant, à cause des tensions entre nous deux et des tensions que je ressentais vis à vis de la petite, même si ça me soulageait un peu, cela en ajoutait, donc elle n’est pas restée longtemps. 

Et, au bout de 6 mois environ, elle m’a sorti sa phrase habituelle : « ça suffit maintenant. Tu es sûre que ce n’est pas un peu de la comédie tout ça ? » En gros, elle m’a soutenue afin de faire son job de mère, mais au fond, pour elle, c’était du cinéma. Elle pensait même ne plus pouvoir avoir d’enfant lorsqu’elle m’a eue, sa grossesse a été une grossesse miracle et très attendue. 

Mon père et sa femme ont été ceux qui ont été les plus désolés pour moi, comme toujours. Eux n’ont plus ne comprenaient pas vraiment comment c’était possible, mais ils ne se sont jamais montrés blessants dans leurs propos. Je voyais bien qu’en parler les faisait souffrir, donc on évitait le sujet.

Celle que je considère comme ma tante essayait de me faire voir uniquement le positif de ma relation avec Ninon. J’en étais incapable. Je me considérais toujours comme un monstre incapable d’aimer sa fille. Elle m’a fait remarquer que malgré ce que je ressentais, extérieurement ça se voyait que j’aimais ma fille. Mais j’étais persuadée que c’est parce que j’avais bien programmé mon mode robot pour donner le change.

regret maternel

« Il existe plusieurs types de femmes : celles qui aiment pouponner et les autres. Moi, je faisais partie des autres. »

Pendant 6 mois, la psychiatre m’a aidée à comprendre le plus gros de mes réactions. Cela m’a beaucoup aidée à avancer, mais, comme elle l’a conclu lors de notre dernière séance, il allait falloir du temps. 

Grâce à elle, j’ai compris et réalisé que je n’étais pas la seule à vivre le rejet de la maternité. Il existe plusieurs types de femmes : celles qui aiment pouponner et les autres. Moi, je fais partie des autres, celles qui n’aiment pas les périodes bébé et qui commencent à s’épanouir avec l’acquisition de l’autonomie de leur enfant. 

Elle m’a aussi fait comprendre que je ne n’étais pas seule pour élever Ninon et que, contrairement à ce que j’avais pu vivre étant enfant, les circonstances n’étaient pas les mêmes. J’ai été élevée dans une famille monoparentale et j’ai reproduit ce schéma. Le fait d’avoir essayé de tout gérer comme l’avait fait ma mère n’était pas adapté. 

De plus, à dix ans, je suis devenue la mère de ma mère, à la suite d’un très gros incident qui l’a faite sombrer dans la dépression et l’alcoolisme. Depuis cet âge-là, je gère, je gère tout et je gère seule. Forte de cette habitude, ne pas réussir à gérer quelque chose me perturbe au plus haut point. Là, je n’arrivais pas à tout gérer seule. Cependant, je le faisais inconsciemment, et il a fallu que la psy me le fasse remarquer pour que je commence à déléguer. 

En plus de me mettre une pression monstre, je culpabilisais d’imposer “ce boulet” (oui c’est comme ça que je ressentais la présence de ma fille) aux autres. Je n’arrivais pas à percevoir, à imaginer que mon entourage pouvait aimer s’occuper de Ninon, qu’elle ne représentait pas un poids pour eux. Comment le pouvait-il puisque j’en étais incapable ? Et puis, je culpabilisais vis à vis de Marc*. J’avais l’impression de lui avoir forcé la main pour avoir cet enfant, qu’il avait dit oui uniquement parce que je l’avais à harcelé avec mon envie. Par conséquent, de mon point de vue, Ninon relevait de mon unique et entière responsabilité. Je me devais de l’assumer pleinement. 

« J’ai réalisé que je pouvais avoir du temps en temps que femme et pas seulement en tant que mère. »

Au bout de ces 6 mois de thérapie, Marc et moi avions mis en place des rituels. Quand une crise de rejet se profilait, je mettais Ninon dans un lieu sécurisé et je partais évacuer dans le jardin.

Ces crises s’accompagnaient de pensées noires, de non envie de m’en occuper, d’angoisse, de colère, de pleurs, de culpabilité. C’était comme une énorme boule qui montait en moi jusqu’à m’étouffer à tel point que j’avais du mal à respirer, j’étais complètement submergée. Dans ces moments-là, je sentais que je pouvais représenter un danger pour ma fille. Comme lorsqu’on s’énerve et que le geste ou la parole de trop sort sans qu’on le veuille. Mille fois, je me suis vue la jeter contre un mur. Quand les enfants sont intenables, on dit sans le penser réellement qu’on les assommerait bien. Mais moi, j’y pensais vraiment et je me suis même vue chercher comment faire. Aussi, quand une crise arrivait alors que j’étais seule, je la posais dans son parc et j’allais respirer dehors avant de réaliser un geste incontrôlé et irréversible.

J’ai toujours fait en sorte de ne pas craquer devant elle, et quand je revenais je lui expliquais simplement ma situation. C’est à partir de là que j’ai commencé à réussir à lui parler sans me forcer. 

Par ailleurs, un soir par semaine, je devais partir de la maison, sortir, m’amuser, penser à autre chose. C’était le soir de Marc et, si on faisait une sortie en couple, ses parents s’occupaient de Ninon. Cela m’a permis de réaliser que je pouvais avoir du temps en temps que femme et pas seulement en tant que mère. 

Au cours de ces soirées avec mes amies, je ne parlais pas de ma fille, comme si elle n’existait pas, ou quand on me posait des questions à son sujet, je coupais court pour ne pas avoir à y penser. 

J’ai repris un travail aussi, Ninon qui avait 6 mois est allée chez la nounou. Initialement, j’avais prévu de prendre une année sabbatique pour pouvoir profiter à fond de mes moments avec elle mais vu la situation, c’était inenvisageable. La reprise du boulot m’a aussi permis de reprendre une activité autre que maternelle. 

Une de mes plus grandes fiertés, c’est d’avoir réussi à tenir l’allaitement pendant ces 6 mois. J’avais des périodes de vide à cause de la dépression du post-partum, mais je faisais des séances d’acupuncture pour y remédier et ça fonctionnait bien.

« De nombreuses fois, j’ai repensé au fait que Ninon serait mieux sans sa mère de monstre. »

J’avais toujours les mêmes pensées au bout de ces 6 mois mais la psy m’a dit qu’elle ne pouvait rien faire de plus désormais et qu’il faudrait juste du temps et de la patience. 

Beaucoup de patience. 

5 ans exactement puisque cela fait moins d’un an que je commence à ne plus autant regretter d’avoir eu ma fille. Pendant ces 5 années, il y a eu des hauts et des gros bas. Des périodes où j’en pouvais plus de devoir être patiente, où j’en avais plus que marre que rien n’avance au niveau des ressentis malgré tout ce que je faisais. J’ai participé à un groupe de massage pour bébé pour aider à la construction du lien. Sur le moment je n’en ai pas vu l’utilité, mais à présent, c’est devenu un rituel avec Ninon. Je réussis à apprécier le contact de sa peau, on est apaisées dans ces moments de partage.

Je m’appliquais à me focaliser sur ce qui me plaisait dans ma maternité. Même si ce n’était qu’un fait de 5 min par jour, je me concentrais là-dessus et je faisais en sorte de ne pas tenir compte du reste. Ça pouvait être un sourire partagé auquel je m’accrochais le reste de la journée, un moment de jeu où j’avais réussi à faire le vide dans ma tête, le temps d’un massage ou d’un bain.

De nombreuses fois, j’ai repensé au fait que Ninon serait mieux sans sa mère de monstre, puisque mon entourage l’aimait plus que je n’en étais capable. J’en étais même jalouse : pourquoi les autres parvenaient à créer le lien avec Ninon, et pas moi, alors que c’était ma propre fille ?

« J’ai mis 1 an avant de réussir à dire pour la première fois à ma fille que je l’aimais. Aujourd’hui, je le lui dis chaque jour et je le pense vraiment. »

Une seule chose m’a vraiment permis de tenir et d’avancer : ma volonté. J’ai une volonté de fer me dit-on et je n’ai jamais cessé de me répéter qu’elle n’avait pas demandé à venir au monde et que je devais tout faire pour qu’elle soit bien et qu’elle ne subisse pas les conséquences de ma maladie. 

J’ai mis 1 an avant de réussir à dire pour la première fois à ma fille que je l’aimais. Aujourd’hui, je le lui dis chaque jour et je le pense vraiment. 

Et chaque jour, je progresse dans ma relation avec elle. Depuis 1 an environ, Ninon commence à me manquer lorsqu’elle part longtemps en vacances. Aux dernières vacances scolaires**, dès le trajet du retour, après l’avoir déposée chez son père, elle a commandé à me manquer. 

Ces difficultés ont en partie contribué à l’échec de notre couple. Marc était resté le même, mais pas moi. Nos chemins étaient devenus trop différents, nous avons fini par nous séparer. Aujourd’hui, j’ai refait ma vie. Parfois, l’idée de faire un second enfant me/nous passe par la tête. Mais la peur de revivre le même échec me terrorise au plus au point. De plus, la culpabilité me suit toujours, je m’en veux d’avoir fait vivre ça à ma fille. Même si j’ai essayé de gérer au mieux, je sais qu’elle en a souffert aussi. Comment imposer cette souffrance à un autre enfant ?

Par ailleurs, la question “aujourd’hui, ai-je toujours des regrets ?” mérite encore un temps de réflexion, donc je suppose qu’il en subsiste un peu. Et puis, j’hésite toujours à la question  » et si c’était à refaire ?  » Quand je serai capable d’y répondre d’un oui franc, alors je serai totalement guérie.

À force d’en parler, c’est moins dramatique dans ma tête que ça n’a pu l’être, donc j’espère que mon témoignage redonnera l’espoir aux mamans qui traversent la même situation que moi. 

 

*Les prénoms ont été modifiés

** Vacances de Toussaint 2022

PAR CE QUE LA NAISSANCE D'UN ENFANT C'EST AUSSI LA NAISSANCE D'UNE MÈRE

Ces trois femmes n’ont rien en commun, et pourtant, leurs parcours s’entrecroisent au travers d’une aventure à la fois universelle et unique : la maternité. 

À 29 ans, Loïse va affronter le défi de vivre avec un enfant porteur de handicap sévère. Malgré elle, à 62 ans, Olga, va avouer à sa famille le mal qui la ronge : le regret maternel. Mia, 33 ans, est confrontée à l’horreur du deuil périnatal. 

Parce qu’il est des rencontres que l’on ne peut pas oublier, laissez-vous emporter par un torrent d’émotions, de pleurs, de sourires… et d’espoir.

Un roman vibrant de douceur, une plume remplie de sensibilité, un modèle de résilience et de sororité à conseiller à toutes les femmes.

roman au creux de nos bras
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